les cépages interdits
L’Europe a ouvert les négociations en vue d’autoriser les cépages résistants aux maladies, pour une viticulture durable. L’association Fruits Oubliés Réseau a lancé une pétition adressée à la Commission agricole et développement rural de l’Union européenne
Nous relayons les explications concernant les cépages interdits.
La viticulture est très souvent pointée du doigt pour les très nombreux produits chimiques et pesticides qu’elle utilise, au détriment de la santé humaine et de celle de notre environnement. Or, des cépages résistants aux maladies existent, qui nécessitent peu voire pas de produits de traitement. Mais ils sont interdits à la production professionnelle…
C’est le moment ou jamais : le nouveau règlement agricole européen va entrer en négociation au Parlement européen dans les semaines qui viennent.
La Commission européenne a rédigé en juin 2018 une proposition dans laquelle est proposée la levée de l’interdiction des cépages Noah, Isabelle, Clinton, Othello, Herbemont et Jacquez, et plus largement la possibilité d’inscrire des cépages issus d’hybrides entre la vigne européenne et d’autres espèces de vignes.
Eric Andrieu, eurodéputé et rapporteur de la proposition de la commission, a abondé dans ce sens en appuyant ces propositions, voire en les renforçant.
Du côté de la profession agricole, des résistances au changement apparaissent dans plusieurs pays d’Europe. Or, le positionnement de la profession a une influence importante sur les négociations.
Nous devons donc faire part de la nécessité d’autoriser les cépages hybrides résistants aux maladies directement aux eurodéputés, mais également à la profession viticole qui doit sentir que la société demande cette évolution.
Nous avons donc besoin de vous !
Merci d’avance de votre aide !
Résistants et interdits. Comment est-ce possible ?
Dans la 2e partie du 19e siècle, les maladies de la vigne apparaissent en Europe, du fait de la circulation des cépages entre l’Ancien et le Nouveau monde. Oïdium, mildiou, phylloxera mettent à mal la vigne européenne (Vitis
vinifera), au point qu’elle risque de disparaître. C’est un drame car le vin est à l’époque un aliment de première importance.
De nouveaux cépages sont alors créés en croisant la vigne européenne avec d’autres espèces de vignes nord-américaines puis asiatiques. Parmi les très nombreuses nouvelles variétés de raisins qui en sont issues, un grand nombre comporte bien la résistance des espèces étrangères. Le goût des raisins hybrides est sensiblement différent de celui de la vigne européenne.
Le vignoble européen se reconstitue donc en bonne partie avec ces nouvelles variétés hybrides de raisins, tandis que pour conserver nos variétés traditionnelles et leur goût, on les greffe sur des hybrides porte-greffe. Mais malgré ces porte-greffes qui permettent à la vigne européenne de survivre, cette dernière nécessite des traitements pour pouvoir assurer une récolte.
Avec ces solutions et les productions viticoles croissantes des colonies, la France connaît plusieurs crises de surproduction de vin. Il faut désigner des coupables et ce sont 6 cépages étrangers ou hybrides qui sont
d’abord bannis en 1934 : Clinton, Noah, Isabelle, Othello, Herbemont et Jacquez, sous prétexte qu’ils ont mauvais goût. Mais les paysans n’obéissent pas aux injonctions d’arrachage et ce n’est qu’en professionnalisant la
production de vin, en modifiant la règlementation et en dénigrant les cépages hybrides résistants aux maladies que l’État français se débarrasse progressivement de la quasi-totalité de ces cépages. Le même phénomène s’opère
dans les autres pays de l’Union européenne et les restrictions règlementaires nationales s’inscrivent finalement dans un règlement européen.
Dans les campagnes, l’usage de ces cépages hybrides résistants perdure, avec la tradition du vin familial, mais s’éteint peu à peu. Quant aux nouvelles générations de vignerons, plus ouvertes à la diversité des goûts et à l’écologie, elles s’intéressent de près à ces anciens cépages résistants, mais n’ont pas le droit de les cultiver, à de trop rares exceptions près. Les vignerons créent également de nouveaux cépages résistants, au goût plus proche des cépages traditionnels européens, mais les autorités ne facilitent pas leur travail.
Une occasion d’autoriser les cépages résistants
Fruits Oubliés Réseau se mobilise depuis longtemps pour la réhabilitation des cépages résistants. Vous retrouverez un résumé de cette histoire incroyable dans le dernier numéro de leur revue Fruits oubliés. De plus, un long-métrage auquel ils ont collaboré, dédié aux cépages résistants, sort très prochainement, démontrant de manière encore plus complète l’absurdité de l’interdiction de culture des cépages résistants.
Mais les habitudes ont la peau dure et des résistances au
changement se font sentir au sein de la profession viticole, bien qu’elle ait tout à gagner à adopter des cépages résistants aux maladies. C’est pourquoi une
mobilisation citoyenne est indispensable pour que l’intérêt général l’emporte !
Vous pouvez aller sur le site de Fruits Oubliés Réseau pour écrire à votre député-e pour lui demander d’influer pour l’autorisation des cépages résistants, pour l’essor d’une viticulture durable ! Un modèle de lettre vous est proposé ainsi que les adresses de vos députés.
UN LONG MÉTRAGE DOCUMENTAIRE INÉDIT SUR LES VINS INTERDITS ET LES CÉPAGES RÉSISTANTS Film Vitis Prohibita : prix du meilleur long métrage |

Film Vitis Prohibita
UN LONG MÉTRAGE DOCUMENTAIRE INÉDIT SUR LES VINS INTERDITS ET LES CÉPAGES RÉSISTANTS
Présentation:
Cela pourrait-être une légende, mais c’est l’histoire, bien réelle d’une tentative d’assassinat réglementaire, la mise au ban d’une poignée de cépages déclassés, des vins interdits, accusés de tous les maux, rendus coupages d’avoir mauvais goût et incriminés de rendre fou.
Leur crime ? Résister aux maladies, être naturellement adaptés aux changements climatiques et s’affranchir des pesticides et autres produits qui inondent la viticulture moderne.
Bravant une législation extrêmement hostile et en dépit de la très mauvaise réputation de ces cépages, des paysans rebelles, convaincus de leurs vraies valeurs, n’ont cessé de cultiver les interdits.
Les cépages résistants n’ont pas dit leur dernier mot.
Le film propose une immersion en France, Autriche, Suisse et aux États-Unis, afin de comprendre pourquoi ils sont une solution d’avenir pour une viticulture responsable et respectueuse de l’environnement et comment ils font désormais partie du patrimoine rural en de très nombreux endroits dans le monde.
Film Vitis Prohibita : prix du meilleur long métrage
au Festival International du Film sur la Vigne et le Vin – Oenovideo Marseille 2019.
“Voilà un film qui part d’un tout petit coin des Cévennes en France et nous fait voyager jusqu’aux États-Unis pour nous apprendre avec précision, détail et intelligence, ce qu’est un cépage résistant et une vigne hybride, mais aussi ce qu’est un acte de résistance, un acte de responsabilité, un acte de liberté, un acte d’amour pour le vin. (…) Voilà un film qui nous a fait rire et qui nous a ému, et qui en nous parlant du passé et du présent, nous parle surtout de l’avenir.” – Le jury.
La sortie du film VITIS PROHIBITA est prévue le mercredi 6 novembre 2019 au Cinéma Espace Saint- Michel 7 place Saint Michel à PARIS 5e. En octobre : |