À propos de l'auteur : marion dehay

Partagez cet article

Auteur

marion dehay

Partagez

Comment faire pour avoir un sol vivant et productif ?

Épisode 6 – des super sols pour des super légumes

sol productif d'un jardin forêt en permaculture, avec des plantes multi-étagées

Après avoir suivi les 5 premiers conseils de cette série autour de la vidéo Les 7 clés du jardin forêt productif, votre projet est maintenant bien structuré : espèces choisies, relations et espacements entre les plantes optimisés, chemins et itinéraires bien pensés, zones d’ombres et de lumière maîtrisées…

Il existe pourtant un élément sans qui rien de tout cela ne serait possible : le sol !

On lit régulièrement qu’un sol, pour être fertile, doit être profond, mais aussi structuré pour que les végétaux puissent y développer leurs racines. Il doit être équilibré en matière organique et en matière minérale, mais aussi vivant, avec des petites bêtes, champignons et bactéries, qui dégradent la matière organique et aèrent le sol.

Expliqué comme ça, cela paraît simple, mais en essayant sur le terrain, on se rend compte qu’il est compliqué d’arriver à une abondance de fruits et légumes :

  • Comment faire quand notre sol n’est pas profond, et que rien n’y pousse ?
  • Comment structurer un sol argileux, froid et très humide, ou un sol sableux qui ne retient pas l’eau ?
  • Quelles techniques de drainage utiliser sur sol humide ?
  • Que faire si mon sol a été pollué ?Quelles plantes et champignons peuvent le dépolluer ?
  • Comment et quand apporter des amendements à son sol ?
  • Quels sont les moyens pour rendre son sol vivant ?

Depuis des siècles, les légumes sont habitués à pousser dans du compost, ou des sols boostés en engrais. Nous nous sommes habitués à manger des carottes au format XXL. Mais dans votre sol classique, non travaillé, vos premières récoltes risquent de vous paraître toutes petites… Il est donc nécessaire de créer un contexte pour récolter des super carottes !

Bonne nouvelle : Franck, en s’appuyant sur 20 ans d’expériences et de recherches sur la culture multi-étagée et la productivité d’un jardin-forêt, vous apporte des solutions concrètes dans son livre Permaculture en climat tempéré. Nous allons retrouver quelques conseils ci-dessous, pour vous aiguiller dans l’amélioration de votre sol !

Le livre Permaculture en climat tempéré : une ressource pratico-pratique pour un super-sol

Le livre Permaculture en climat tempéré est un mémoire de recherche de 320 pages commencé en 2003. C’est le fruit de vingt années de recherches en écologie dans de nombreux domaines. Une référence pour la création d’écosystèmes comestibles, dont le sol est un sujet essentiel ! Vous y apprendrez à reconnaître les plantes bio-indicatrices du sol, les plantes et champignons qui le dépolluent, comprendrez mieux la culture sur butte, ou encore le chop and drop…

Comment commencer en permauclture

Pour réussir un super sol, il faut d’abord le connaître…

Alors commençons par le commencement : qui est-il, ce sol si important pour votre projet ?

Votre sol est la zone issue de la dégradation lente de la roche mère (roche située en profondeur, et différente selon votre lieu de vie), sous l’action du climat et des organismes vivants. Il peut se représenter en plusieurs couches distinctes, appelées horizons :

  • la couche végétale, ou litière est composée de restes animaux ou végétaux à la surface,
  • l’humus, couche sombre de matière organique, venant de la décomposition de la litière, et du travail des vers de terre et des décomposeur (c’est le mélange entre animale, végétale, minérale)
  • la couche arable, zone réunissant matière organique et matière minérale. C’est cette couche arable qui détermine la qualité du sol pour vos cultures,
  • le sous-sol, ou l’humus est moins présent,
  • la roche mère, qui n’est constituée que de minéraux.

Structure d’un sol

La couche de terre végétale et minérale est très fluctuante d’un sol à l’autre et d’une région à l’autre. Un chêne vert de 300 ans pourrait par exemple faire 2 m de haut dans le Var, alors qu’il mesurerait 15 m dans un sol profond et frais.

sol sec où la végétation est petite

Végétation basse dans un sol sec.

racine s'enfonçant dans un sol profond

Racines de charme dans une roche mère calcaire, qui s’enfoncent à plus de 6 m de profondeur.

Quelques pistes tirées du livre Permaculture en climat tempéré pour connaître et prendre soin de votre sol :

1- Comprendre son sol et savoir quoi faire avec tel ou tel type de sol

  • Quelle est la profondeur de votre sol ?

La profondeur du sol influence la hauteur de vos arbres. Idéalement, il faut au moins 1m de terre végétale et minérale.

Faites un trou dans votre jardin à l’aide d’une tarière, et notez la profondeur juste avant d’arriver à la roche mère, à la nappe phréatique ou à une couche d’argile étanche.

trou dans le sol pour atteindre la nappe phréatique

On voit ici l’eau de la nappe phréatique : il faut observer la hauteur entre la surface du sol et l’eau pour avoir la profondeur de votre sol. Attention : en hiver si la nappe affleure (30 cm ou moins), les racines des arbres fruitiers tremperont dans l’eau tout l’hiver, et ils risquent d’être malades. Il faudra alors trouver des stratégies et de porte-greffe adaptés à ce contexte.

  • Quelle est la structure de votre sol ?

La structure du sol influence sa capacité à laisser passer l’eau (sols sableux drainants) ou à la retenir (sols argileux lourds). En fonction de votre structure, il faudra choisir des porte-greffes adaptés à un sol lourd et asphyxiant, ou à un sol séchant vite. Vous devez déterminer la quantité d’argile, de sables, de limons et de cailloux qu’il contient.

Le test du boudin : Récupérez une poignée de terre de votre terrain. Essayez de faire une boule puis un boudin. Si elle est compacte, c’est que le sol est lourd, argileux. Si elle s’effrite, le sol est sableux.

Si vous arrivez à faire un boudin et que vous pouvez le plier en anneau, c’est que vous avez dépassé les 20% d’argile (sol très très lourd) : vous pourrez y faire des bassins sans bâche et de la poterie, mais ce genre de sol asphyxiant rendra souvent les arbres malades et demandera un soin particulier pour être aéré par la vie du sol.

test de boudin avec la terre se son sol pour savoir si le sol est argileux ou sableux

Si votre terre forme un boudin comme celui-ci, c’est que votre sol est très argileux et asphyxiant, mais sa rétention d’eau sera très grande si vous améliorez sa structure .

2 – Pour faire de beaux légumes il faut un sol équilibré en matières organiques et minérales

Que ce soit dans les clairières ou dans les bacs de culture, si vous voulez avoir de beaux légumes, il est important d’amener des éléments nutritifs pour créer un sol riche, mais sans en mettre trop. En effet, pour que les matières organiques se décomposent bien, il ne faut pas qu’il y ait trop de matières azotées (fiente, urine, tonte fraîche) par rapport aux matières carbonées (broyat, sciure, paille feuilles, etc.). Dans la nature, ce cycle des nutriments est permanent : une feuille morte se décompose, un oiseau fait une crotte, un millepatte fait pipi, une racine morte se décompose, un vers de terre met son mucus, … C’est ce cycle que l’on va imiter, voire optimiser pour que les légumes soient gros et nutritifs.

Voici des ingrédients que vous pouvez apporter à votre sol, tout les ans et en les adaptant à sa nature et de sa structure (un sol acide n’aura pas besoin des mêmes éléments qu’un sol basique) :

⇒ Des matières organiques en décomposition NPK* :

  • de l’azote : compost, fumier bio, tontes, compost, engrais verts, purin de mauvaise herbe, urine, sang, etc.
  • du phosphore : déjections d’oiseaux, de chauves-souris, os, etc.
  • de la potasse : cendres, mulche de consoude sèche

⇒ Du carbone (ce sont les déchets dits “bruns”) : broyat, feuilles mortes, sciure, paille etc.

⇒ Du calcium : coquille d’œuf, cendre, os, coquillages, poudre de roche, bicarbonate, etc.

Plus il y aura de carbone (broyat), plus on pourra ajouter de la matière azotée (tontes, fientes, etc.) Attention cependant aux excès d’azote : ils font avorter les fleurs, rendent les plantes malades, et font pourrir les fruits (vous savez, vos courges qui pourrissent toutes avant Noël ?!) (voir le chapitre “Équilibrer le carbone et l’azote” dans le livre Permaculture en climat tempéré).

*NPK c’est quoi? : N = azote, P = phosphore, K = potassium.

L’azote (N) favorise la pousse des parties vertes de la plante (tiges et feuilles), leur précocité et leur développement.

Le phosphore (P) influe sur les fleurs et les graines et renforce la résistance naturelle des plantes.

La potasse (K) joue sur la partie des fruits, sur les parties de réserve (racines et les tubercules)et la résistance aux maladies.

Les bons conseils de Franck : “Chaque année, ou tous les deux ans, j’ajoute tous les mètres carré, avec le mulch de broyat (3 à 4 cm) l’équivalent d’un bol de cendres, et deux bols de fientes de mes poules, et de la poudre de coquille d’œuf ou des huîtres pilées (car mon sol est naturellement acide).”

amendement d'un sol acide en cendres et fientes de poules

Eric et Anna en train de préparer les culture de 2022 : fientes de poules + cendres, puis mulch de broyat frais de ronce et taille des arbres (BRF)

dépôt de mulch au-dessus des amendement en cendre et fiente de poule récolte abondante d'haricots sur un sol vivant et productif

Et voilà le résultat sur la même zone de culture quelques mois plus tard !

3 – Pour un sol vivant :

Les petites bêtes, champignons et bactéries dégradent la matière organique et aèrent votre sol. Ils sont essentiels ! Les champignons participent à la décomposition des tous les êtres vivants en éléments simples, et intègrent à votre sol de la matière organique. Tout comme les décomposeurs, ces petites bêtes, qui fertilisent également le sol par leur déjections et leurs cadavres ! Comment les attirer ?

Apportez leur de la nourriture ! Vos restes végétaux de repas peuvent aller au compost, mais aussi à même la terre de votre jardin. Les petites bêtes, champignons et bactéries s’en régaleront, et tout ça sans efforts !

Franck vous explique dans Permaculture en climat tempéré la technique des mulchs en lasagnes développée en Amérique du Sud, et reprise par Robert Morez dans les années 2000 dans le sud de la France. Ou comment partir d’un sol mort sans vie, et en faire un habitat pour des millions de bestioles tout en produisant des légumes? (voir aussi la technique de Philip Forrer).

Butte de type Robert Morez, avec une technique de mulch en lasagnes

Pour en savoir plus sur le sujet, et découvrir les avantages et inconvénients d’autres techniques comme le mulching, le BRF, la Terra preta, ou encore l’électroculture, n’hésitez plus et découvrez le livre Permaculture en climat tempéré, qui vous apportera des conseils concrets et de la pratique à vivre en conditions réelles.

Permaculture en Climat tempérée

En savoir plus

Une véritable « bible » pour tous ceux qui souhaitent vivre en harmonie avec leur environnement et recréer des jardins d’Éden autour d’eux. Il aborde toutes les bases du design, la vision holistique de la permaculture, la gestion écologique de l’eau, la régulation écosystémique, l’élevage en permaculture, et décrit plus de 300 espèces et des 100 de variétés fruitières et légumières rustiques réparties en 9 strates.

Témoignages

Mathieu :

“Bonjour à tout-e-s, je voulais adresser un grand merci à l’équipe et à Franck car le livre “Permaculture en climat tempéré” me passionne et m’aide beaucoup pour la création de quelques jardins forêts (chez moi et chez des amis). La base de données sur les plantes potentiellement implantables est une mine incroyable. J’aime aussi beaucoup quand Franck donne son avis, raconte son expérience parce que ça m’aide à comprendre l’idée fondamentale de contexte. Vraiment un grand grand merci ! J’ai fait la pub du livre autour de moi ! Et bravo pour les vidéos qui m’ont également beaucoup inspiré ! A bientôt ! “

Karine :

“Bonjour, bien reçu merci, c’est pour moi une mine d’or! Ces publications vont vraiment être le fondement de mon installation. Ce sont les plus complètes que j’ai dans ma bibliothèque…

Merci de tout coeur, pour vos travaux, l’investissement, la communication…”

Damien :

“C’est, pour moi, le meilleur bouquin pour commencer la permaculture quand on n’y connaît rien!”

Après ces 6 conseils, votre jardin forêt a des bases solides pour produire en abondance. C’est sans compter sur des éléments perturbateurs, qui peuvent à première vue nous gâcher la vie : les nuisibles. Comment gérer ces colocataires qui nous indisposent, dans un jardin-forêt en permaculture ? Vous le saurez dans le prochain épisode !

Qui ne se plante pas n’a aucune chance de pousser !

Marion Dehay, membre active de la Forêt nourricière

Comment commencer son jardin forêt? comment commencer son potager

Découvre les 7 conseils pour un potager ou un jardin forêt productif

Pour en savoir plus :

Retrouvez plus d’informations sur ces 7 clés par ici !

Formations à venir :

Articles similaires